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Fait marquant

Protéine Prion et développement placentaire


Nos études [collaboration] démontrent pour la première fois le rôle physiologique de la protéine Prion dans le développement placentaire. La dérégulation de son expression serait associée au développement de pathologies de la grossesse et affecterait les principaux processus angiogéniques nécessaires à la mise en place de la circulation fœto-maternelle et à la croissance du placenta.

Publié le 12 décembre 2012

Le cuivre est un oligo-élément primordial pour les fonctions cellulaires. Cependant des concentrations élevées en ce métal sont cytotoxiques car il participe à la production d’espèces réactives de l'oxygène responsables de dommages à l’échelle des constituants cellulaires. Il est actuellement bien établi que la production et l'action des espèces réactives de l'oxygène contribuent au développement de pathologies telles que cancers, maladies du système nerveux, vieillissement, mais également certaines pathologies de la grossesse. En effet, des niveaux élevés en cuivre et un stress oxydatif avant la conception ou pendant la grossesse sont associés à la pré-éclampsie et au retard de croissance intra-utérin, les deux principales pathologies de la grossesse responsables d’un grand nombre d’accouchements prématurés. À ce jour, les mécanismes du développement de ces pathologies restent très mal connus.


Chez l’homme, l’homéostasie du cuivre est assurée par différentes protéines qui assurent sa chélation, son transfert entre les différents compartiments cellulaires et son transport. Parmi ces protéines il est bien établi que la protéine prion cellulaire (PrPC) fixe le cuivre, in vitro et in vivo par sa région N-terminale, et participe ainsi à son homéostasie. La protéine PrPC est exprimée de manière ubiquitaire et sa conformation altérée est l'agent causal de l'encéphalopathie spongiforme bovine. Toutefois, sa fonction physiologique est mal comprise et bien que des souris déficientes en cette protéine soient viables, elles ne présentent aucun phénotype manifeste.
Des chercheurs de notre laboratoire en collaboration avec le laboratoire Biologie du Cancer et de l’Infection de notre institut avaient montré que, au cours de la grossesse, seule la protéine PrPC présentait un niveau d'expression élevé comparé aux autres protéines de l’homéostasie du cuivre[1]. De façon intéressante, cette expression est plus élevée au cours du premier trimestre de la grossesse, période clef du développement placentaire et du succès de la grossesse. Ceci suggère que l'homéostasie du cuivre doit être critique pour le développement fœtal et placentaire et que la PrPC pourrait être la protéine responsable de ce phénomène.

Dans cette nouvelle étude [2], ces chercheurs ont souhaité comprendre le rôle de la PrPC au cours de cette période déterminante du développement.
Ils ont ainsi mis en évidence un rôle protecteur anti-oxydant de la PrPC au niveau cellulaire au cours des différents processus angiogéniques placentaires (prolifération, migration, angiogenèse). Cette protection des cellules contre le stress oxydatif a ensuite été confirmée in vivo. Une étude complète du suivi de la gestation chez la souris (souris normales, souris n’exprimant pas le gène de la PrPC (PrnP-/-) et souris surexprimant la protéine PrPC) a ainsi été réalisée en absence et en présence d’un traitement par le cuivre. Les résultats ont alors montré que la perte de l’expression de la protéine PrPC ou sa surexpression sont respectivement à l’origine d’un retard de croissance intra-utérin ou d’une baisse dans la taille des portées. Ces défauts ont été corrélés à des anomalies structurelles et fonctionnelles du placenta, ainsi qu’à un maintien anormal de l’hypoxie placentaire au-delà de 10,5 jours après la conception.

Cette étude démontre pour la première fois le rôle physiologique de la protéine PrPC dans le développement placentaire, et suggère que la dérégulation de son expression serait étroitement associée au développement de pathologies de la grossesse comme le retard de croissance intra-utérin. Sa dérégulation affecte également les principaux processus angiogéniques nécessaires à la mise en place de la circulation fœto-maternelle et à la croissance du placenta.



Hypoxie placentaire : une diminution physiologique de l’oxygénation du placenta est observée jusqu’à 10,5 dpc (day after coitus).
Au cours de la grossesse, il se produit une invasion trophoblastique des artères spiralées qui les transforment en vaisseaux à basse pression et haut débit, assurant l’établissement de la circulation fœto-maternelle.

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